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Les aventuriers de l'imaginaire
3 juillet 2015

Frankenstein, de Mary Shelley

Frankenstein_ou_le_Promethee_moderneRésumé : Victor Frankenstein, scientifique genevois, est recueilli sur la banquise par un équipage faisant route vers le Pôle Nord. Très tourmenté, il livre son histoire au capitaine du bateau : quelque temps auparavant, il est parvenu à donner la vie à une créature surhumaine. Mais celle-ci sème bientôt la terreur autour d'elle...

Mon avis : Il était grand temps que je m’attaque à ce mythe horrifique, c’est à présent chose faite. J’évite d’habitude de chroniquer les livres très connus, des centaines d’autres lecteurs m’ayant généralement déjà devancé sur ce terrain, mais là, j’ai été tant surpris que je n’ai pas pu m’en empêcher.

L’histoire en elle-même est bien trouvée – elle n’est pas mythique pour rien après tout – et j’ai aimé ne retrouver quasiment aucun élément des films que j’ai pu voir sur Frankenstein. Les adaptations sont parties très loin, ce qui m’a permis de découvrir entièrement ce livre, n’en sachant que les grandes lignes de l’histoire. On retrouve par-ci par-là quelques éléments, bien sûr : l’histoire de la fiancée du monstre, la rencontre avec l’aveugle, mais ce sont de bien minces passages, traités d’ailleurs très différemment de leurs analogues filmés.

Côté personnages, en revanche, le bât blesse. Pour faire simple, j’aurais aimé être un personnage du livre, simplement pour pouvoir mettre des baffes à ce cher docteur à intervalles réguliers. Ce personnage a en effet tout pour déplaire. Il se met en tête de ressusciter un mort, puis l’abandonne et l’oublie pendant 2 ans – il est donc totalement stupide, ne se demandant même pas ce que sa « création » peut bien faire dans ce monde, livrée à elle-même, ni les conséquences que sa présence peut avoir pour le monde des vivants. Il prouve d’ailleurs sa stupidité à de nombreuses reprises ; je ne citerais que trois exemples assez parlants : 1- Quitte à créer un « monstre », autant en faire un géant bien menaçant et imposant, ça ne serait pas drôle si on pouvait facilement avoir le dessus sur lui au cas où l’expérience dérape… 2-  Il ne faudrait sûrement pas donner au « monstre » ce qu’il veut, sinon il pourrait ne plus tuer personne, ça ne serait pas drôle… 3- Et puis, allons donc nous marier et laissons la fiancée seule le temps qu’on la tue, alors que la menace a été très claire quant à son sort si on venait à l’épouser...

Par la suite, il blâme le « monstre » pour tout, montrant là toute sa lâcheté ; il n’accepte surtout pas d’admettre sa propre stupidité et préfère rejeter la faute sur sa création qui, elle, n’a jamais rien demandé à personne à l’origine.

Enfin, pour compléter la sainte trinité des défauts les plus agaçants, le docteur Frankenstein n’est qu’un geignard. La moitié de son récit concerne son sort, si triste sort, lui qu’on devrait plaindre. Le sort de sa création et des victimes de ces dernières ne semble pas effleurer son esprit ne serait-ce qu’une seconde et ne sont qu’autant de prétextes pour en revenir à son sort à lui, le pauvre docteur victime de tous les maux et innocent de tout.

Bref, on l’aura compris, au fil des pages, mon agacement a été grandissant, d’autant plus que le docteur est bavard (ce qui ne m’aurait pas posé problème si j’avais trouvé le personnage intéressant ou attachant).

En revanche, la créature explique, à mes yeux, à elle seule pourquoi ce récit est devenu si culte. Loin de sa version cinématographique, elle est ici tout aussi intelligente, peut-être même plus, que n’importe quel humain, elle peut parler, apprend très vite et a tout à fait conscience de l’illogisme du monde humain, pour qui l’apparence passe avant l’esprit, et donc de son propre « destin » qu’est la solitude. Même si un peu longuet, le passage où il raconte sa version de l’histoire est des plus plaisant et intéressant. Je trouve d’ailleurs dommage qu’on ne s’attarde pas plus souvent sur son point de vue, j’aurais sans remords troqué celui du docteur contre celui de la créature. On peut malgré tout reprocher à ce personnage quelques incohérences : apprendre une langue en lisant trois livres et philosopher autant sur le monde alors que deux ans plus tôt, on n’existait pas, c’est un peu rapide.

En bref, le gros point noir est à mes yeux le personnage principal, ce docteur totalement antipathique, et c’est bien dommage car l’idée est bonne, le style de l’époque aussi, mais tout est gâché par ce « détail » encombrant. Si l’accent était mis davantage sur la créature et la réaction du monde face à elle, comme dans les films, l’histoire en serait sortie grandie à mon sens.

Murphy


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Commentaires
A
Bruce Banner n'est qu'un voleur d'abord, Jekyll était là avant. :P <br /> <br /> Mais c'est vrai que cette option aurait été parfaite pour Frankenstein. <br /> <br /> Quoi qu'on en est pas si loin finalement, la fusion s'est faite dans l'esprit collectif : aux yeux du monde, Frankenstein, c'est la créature et non pas le créateur. Et c'est pas plus mal ainsi en fin de compte. :)
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A
Le docteur Bruce Banner a résolu le problème : il est lui-même la créature, de sorte qu'on n'a plus à choisir entre les deux points de vue, puisque les deux sont les siens, en définitive ! :-D
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